quinta-feira, 1 de março de 2007

Envoyant l'aveuglement et la misère de l'homme, et ces [61] contrariétés
étonnantes qui se découvrent dans sa nature, et regardant tout l'univers muet,
et l'homme sans lumière, abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de
l'univers, sans savoir qui l'y a mis, ce qu'il y est venu faire, ce qu'il
deviendra en mourant ; j'entre en effroi comme un homme qu'on aurait porté
endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s'éveillerait sans connaître
où il est, et sans avoir aucun moyen d'en sortir. Et sur cela j'admire comment
on n'entre pas en désespoir d'un si misérable état. Je vois d'autres personnes
auprès de moi de semblable nature. Je leur demande s'ils sont mieux instruits
que moi, et ils me disent que non. Et sur cela ces misérables égarés ayant
regardé autour d'eux, et ayant vu quelques objets plaisants s'y sont donnés, et
s'y sont attachés. Pour moi je n'ai pu m'y arrêter, ni me reposer dans la
société de ces personnes semblables à moi, misérables comme moi, impuissantes
comme moi. Je vois qu'ils ne m'aideraient pas à mourir : je [62] mourrai seul :
il faut donc faire comme si j'étais seul : or si j'étais seul, je ne bâtirais
pas des maisons, je ne m'embarrasserais point dans des occupations tumultuaires,
je ne chercherais l'estime de personne, mais je tâcherais seulement de découvrir
la vérité.

Pascal, Pensamentos.

Aos leitores

Este espaço é uma tentativa de colocar à disposição de pessoas interessadas alguns textos teóricos, certas observações críticas, análises minhas e de outros.

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PROFESSOR DE FILOSOFIA UNICAMP